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jeudi 9 juin 2011

Jorge Semprun





"J'ai perdu mes certitudes, j'ai gardé mes illusions." Entretien avec Jorge Semprun

Jorge Semprun, grand écrivain européen, est mort. Nonfiction.fr l'avait rencontré au printemps 2010.

Nonfiction.fr- Les gens de votre génération qui ont été communistes sont souvent devenus sceptiques ou désenchantés. On ne sent pas ce désenchantement chez vous. Vous êtes encore optimiste politiquement…

"Jorge Semprun : Ecoutez, j’ai adopté pour la fin de ma vie une formule que j’avais trouvée et qu’Yves Montand aimait bien : "J’ai perdu mes certitudes, j’ai gardé mes illusions." Je n’ai plus de certitudes dans le sens où le marxisme vous en donne. Ce sont des certitudes aberrantes, mais en même temps toniques, évidemment. Et quand on détruit le marxisme-léninisme en soi, on se détruit aussi soi-même. On se reconstruit. Mais les illusions, je les ai gardées : il n’est pas obligatoire que le monde soit aussi injuste et invivable, on peut au moins réparer certaines choses. Ces illusions-là, je les ai toujours, plus que jamais peut-être.

Nonfiction.fr- Et plus que beaucoup de vos contemporains…

Jorge Semprun : Je ne me compare pas, mais je ne peux pas vivre sans illusions. Tout en sachant que ce sont peut-être des illusions. Mais je parle d’illusions dans le sens d’une certaine utopie pratique et nécessaire. En espagnol, on dit "il ne faut pas demander de poires au bouleau", et moi je trouve qu’il faut demander des poires au bouleau, sinon le poirier ne donne rien."
pour lire l'entretien complet: nonfiction.fr
À voir également l'entretien de Jorge Semprun avec Bernard Pivot à propos de la langue française.